Comme chaque année, en la mémoire des victimes des années 71, l’Association des Victimes de Camp Boiro, en abrégé AVCB, hausse le ton. C’est dans cette dynamique que ces victimes ont organisé ce mardi 24 janvier 2025 une conférence de presse à Conakry.
Cette année, l’AVCB n’envisage pas du tout de manifester, en raison évidemment de l’interdiction des manifestations en cette période transitoire. Sur ce, elle ne compte que se recueillir à la mémoire des victimes tombées sous le régime de Sékou Touré.
Secrétaire général de l’association, Conté Abdoulaye a rappelé d’abord que « l’AVCB est une association de droit guinéen, créée depuis 1985, au lendemain de la prise de pouvoir par le CMRN, le 03 avril 1984.
Elle a pour missions : poursuivre la manifestation de la vérité sur les violations des droits humains intervenues principalement avant 1984 sous le régime de Sékou Touré, contribuer à sanctuariser les principaux lieux de violation de ces droits humains, créer des espaces
d’échanges et de dialogues propres à faciliter la divulgation de la mémoire collective ».
Poursuivant son intervention, « si nous voulons faire une vraie refondation dans ce pays, est-ce que nous pouvons faire une vraie refondation de l’État et oublier tous ces crimes d’État intervenus dans notre pays ? C’est la vraie question… Est-ce que nous pouvons faire l’économie de ces crimes d’État ? … Est-ce que nous pouvons ces violences intervenues en Guinée passé une couche de silence là-dessus et parler de refondation ? », s’interroge Abdoulaye.
Et, de rajouter « la réhabilitation de ces victimes innocemment exterminées, est un élément capital avant toute refondation. Et, l’ouverture des charniers des fausses communes. L’association des victimes de camp Boiro en a dénombré aujourd’hui de manière géolocalisée, 14 fosses communes. Est-ce qu’il faut parler de refondation sans ouvrir ces fausses communes ? La dé classification de la partie carcérale de camp Boiro doit être à la disposition de la population, pour qu’on sache ce qui s’est passé. Et, non des moindres, la restitution des biens encore qui n’ont pas été restituer aux familles. Ce sont des éléments avant toute refondation ou la
refondation doit tenir en compte » conclut Abdoulaye Conté.
Docteur Fodé Maréga, un des membres de l’association, se dit révolté : « Je voudrais simplement dire encore qu’on est en 2023, nous sommes en train de commémorer les événements qui sont déroulés en 1971. Et, je voulais dire que le principe en Guinée ça été toujours la violence d’État face aux citoyens, c’est l’impunité. Tout au long de la vie politique guinéenne, nous avons eu ce principe de base. À l’époque, je dirais que c’était Sékou Touré, sa famille et la famille de sa femme, ce sont eux qui ont mis cette trame pendant toute la période jusqu’à
son décès ».
Interrogé sur les multiples revendications sans suite favorable, Maitre Tall Ahmadou Baidy répond : «sous le régime de Sékou, il n’était pas possible de faire de réclamation, parce qu’on avait un régime dictatorial et sanguinaire. Sous le régime de Conté, une bonne partie était avec le régime qui en a suivi. N’oubliez pas que le régime de Sékou a fait 26 ans de régime totalitaire, pendant ces 26 ans, l’appareil administratif a été complètement colonisé par le PDG. Ce qui fait que chaque régime qui vient trouve que la structure centrale est gangrenée. C’est ce qui s’est passé avec les 24 ans de Conté ainsi de suite ».
Ibrahima Camara pour yodalan.com