Lors de sa visite à Kankan mercredi, 09 avril 2025, le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, de l’Aménagement du Territoire et de la Récupération des Domaines Spoliés de l’État, a exigé que les occupants des magasins de Silani Mangbo quittent les lieux avant ce vendredi, 11 avril 205, date à laquelle les opérations de déguerpissement sont programmées. Sur place, de nombreuses voix s’élèvent déjà pour contester cette décision de l’État et revendiquent les droits sur les domaines concernés.
Ce jeudi 10 avril 2025, Mohamed SD Kaba, rencontré devant son bureau en possession de plusieurs documents, a d’abord critiqué la démarche des autorités avant de retracer l’historique d’un conflit antérieur l’opposant à l’État concernant l’un des domaines ciblés par ces opérations.
« J’ai été informé que les autorités ont ordonné de quitter les lieux dans un délai de 24 heures, sous peine de voir tous les magasins de ce domaine démolis ce vendredi. Pourtant, l’État n’est en aucun cas propriétaire de ces domaines, ni de près, ni de loin. La zone que nous occupons est bien délimitée par un mur et n’a jamais fait l’objet d’une expropriation par l’État guinéen. Le conflit porte uniquement sur un terrain situé entre deux (02) de nos domaines. En 1990, le ministère de l’Habitat avait établi un bail amphithéâtrique de 30 ans avec notre propre locataire, présent sur ce lieu depuis 1986, alors que nous étions au Liberia. À notre retour, nous avons saisi le ministre de l’Habitat de l’époque pour réclamer notre bien. Celui-ci, après avoir reçu le rapport de la commission domaniale préfectorale de Kankan, a saisi la Commission nationale de restitution des biens saisis et spoliés. Les conclusions locales ont été entérinées, et la restitution de ce domaine à la famille Kaba a été recommandée », a-t-il expliqué.
En plus de ce terrain litigieux, Mohamed SD Kaba a exprimé sa surprise d’apprendre que d’autres parties de son domaine, qui n’avaient jamais été l’objet de litige, sont également touchées par la décision des autorités. Il dénonce une manœuvre d’intimidation visant à lui dépouiller de ses biens.
« Lorsque cette affaire a débuté, nous avons compris qu’il s’agissait d’instructions pour déguerpir uniquement la zone en litige. Mais là, ils veulent toucher également une parcelle qui n’a jamais été contestée, et qui dispose de titres fonciers valides. Nous exigeons de savoir sur quelle base ou avec quelles preuves ils comptent détruire tous les biens de la famille Kaba, y compris cette partie litigieuse. On nous dit que cette décision serait motivée par des pressions venant de la mère du président de la République et de sa sœur Aïcha Doumbouya. Mais nous savons que le président, dès sa prise de pouvoir, a affirmé que la justice serait la boussole de l’action publique. Comment ce même président pourrait-il accepter que sa propre famille interfère dans des affaires administratives ? Nous pensons plutôt que certaines personnes utilisent leurs noms pour intimider les citoyens qui ne connaissent pas leurs droits », a-t-il poursuivi.
Le représentant de la famille Kaba a également interpellé le président de la République afin d’être rétabli dans ses droits. Il a réaffirmé son engagement à résister à toute tentative de démolition des biens de sa famille.
« Nous détenons tous les actes de propriété de nos domaines, y compris celui en litige. Le président n’a jamais abusé de son pouvoir pour priver un citoyen de ses biens. Ce domaine n’a jamais appartenu à l’État. J’en appelle donc au président pour qu’il demande à ses services de cesser les intimidations et d’arrêter de nous pousser à bout. Nous sommes prêts à nous opposer physiquement à cette démolition. La famille Kaba sortira pour défendre ses droits. Nous ne resterons pas les bras croisés alors que nous disposons de décisions de justice et d’actes administratifs nous reconnaissant comme propriétaires. Quel que soit le prix à payer, nous nous opposerons farouchement à la destruction de nos biens et irons jusqu’au bout, y compris devant la justice », a-t-il martelé.
Mory Cissé depuis kankan pour yodalan.com