MAISON CENTRALE : Mamadou Sylla rencontre certains détenus politiques et promet de demander au président Alpha Condé de les gracier après leur procès

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Après avoir obtenu le feu vert du président Alpha Condé, le chef de file de l’opposition à l’Assemblée nationale – issue des élections controversées du 22 mars 2020 -, Mamadou Sylla a rendu visite, ce jeudi 11 mars 2021, à certains détenus politiques qui croupissent à la Maison centrale de Conakry depuis les semaines qui ont suivi la présidentielle du 18 octobre dernier.

Accompagné des membres de son cabinet, le leader de l’Union démocratique de Guinée (UDG) a indiqué au sortir de la visite avoir « pu rencontrer 55 personnes » sur les « 69 » inscrits sur la liste des personnes qu’il devait rencontrer dont le vice-président de l’UFDG Ibrahima Chérif Bah, Abdoulaye Bah ancien président de la délégation spéciale de Kindia, le journaliste Amadou Diouldé Diallo, Ismaël Condé vice-maire de Matam qui s’est rapproché de Cellou Dalein Diallo, ou encore Fatou Bangoura – militante du RPG qui a été récemment arrêtée pour avoir critiqué le président Alpha Condé dans la presse.

A en croire le chef de file de l’opposition parlementaire, les « autres sont en traitement à cause du coronavirus », alors qu’au moins deux des détenus, Etienne Soropogui et Foniké Mengué, selon le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), ont clairement indiqué qu’ils ne souhaitent pas rencontrer sa délégation.

Revenant sur l’entretien qu’il a eu avec les détenus présents à la rencontre, Mamadou Sylla a affiché une grande satisfaction. « On est satisfait de notre démarche parce que tous ceux qui ont pris la parole nous ont félicités, remerciés et nous ont encouragés de continuer, sur ce que mon équipe et moi sommes en train de faire. Ils voient à la télé et comprennent tout ce que nous sommes en train de faire », a-t-il assuré.

Les détenus politiques qui croupissent en prison depuis plusieurs mois sont essentiellement issus des rangs de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) qui a soutenu la candidature de Cellou Dalein Diallo à la dernière élection présidentielle ou encore des transfuges du RPG/Arc-en-ciel (le parti du président Alpha Condé) et le journaliste Amadou Diouldé Diallo, connu pour ses positions critiques envers le régime en place.

Parlant de leur situation de privation de liberté, l’homme d’affaires converti en leader politique les a invités à « ne pas perdre espoir (…) parce que quelqu’un peut sortir de prison aujourd’hui et demain » et se « [retrouver] dans le fauteuil présidentiel (…) Même celui qui est au pouvoir aujourd’hui (Alpha Condé, ndlr) a passé deux ans ici [en prison] », a-t-il rappelé, ajoutant que « tout dépend du destin ».

Sur la procédure judiciaire engagée contre ces opposants au président Alpha Condé – alors que ce dernier s’est offert il y a quelques mois un troisième mandat de six ans cette fois-ci à la tête de la Guinée -, n’a pas voulu trop s’aventurer, se contentant de juste indiquer que « comme ce sont des gens qui sont détenus et (qui) ne sont pas jugés », ce qu’on peut faire « c’est de demander au ministère de la Justice d’accélérer le processus ». Déjà convaincu qu’ils seront condamnés à l’issue de leur procès, Mamadou Sylla confie : « C’est après leur jugement qu’on va demander la clémence du président pour les gracier ».

Après cette sortie du chef de file de l’opposition, la question que l’on est en droit de se poser est de savoir comment la justice guinéenne, plus largement le régime de Conakry, compte traiter le dossier relatif aux détenus politiques qui sont pour la plupart poursuivis pour détention et fabrication d’armes légères, association de malfaiteurs, trouble à l’ordre public, pillage et destruction, participation à un attroupement, propos incitant à la violence, pour lesquels ils sont placés en détention provisoire à la Maison centrale de Coronthie en attendant l’ouverture de leur procès ?

Le responsable à la mobilisation du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Foniké Mengué, et le web-activiste politique Mamadi Condé plus connu sous le surnom de Madic 100 frontière, proche de Cellou Dalein Diallo, ont eux déjà été condamnés, respectivement, à onze mois de prison ferme avec l’un et à cinq ans de prison de ferme et une amende de 100 millions de francs guinéens pour l’autre.

D’autres détenus politiques ont eu moins de chance. C’est le cas du vieux Ibrahima Sow, Mamadou Lamarana Diallo, Mamadou Oury Barry… ou encore du plus célèbre d’entre eux, Roger Bamba, membre influent de la jeunesse de l’UFDG, qui sont décédés en détention préventive. Eux, ils n’auront jamais la possibilité d’être graciés par le président Alpha Condé…

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