Boffa : Le plus grand et ancien fromager de la préfecture s’est affaissé

3

Situé au port Fatala à la rentrée même du sanctuaire mariale de Boffa, le bruit de la chute de ce vieux fromager a effrayé une partie de Aranponka,  de Kolissokho et des iles situées au large de Boffa dans l’atlantique profonde.

Pas de perte en vie humaine mais beaucoup de peur à cause non seulement de son bruit qui n’a retenu personne à Boffa centre et de certains villages environnant pour voir ce monument géant à terre, mais aussi  sa chute car,  c’est des situations rares et qui annoncent souvent des faits historiques. Cet arbre est chargé  d’histoire sur la valeur symbolique, historique et spirituelle de la Préfecture de Boffa,  de la période coloniale  au temps modernes en passant par la traite nitrière  jusqu’à l’évangélisation de Boffa où se trouve la première église catholique de la Guinée.

Quand un fromager tombe, c’est une bibliothèque qui brûle. À l’aube ou au crépuscule de son temps, le grand fromager du Rio Pongo s’est effondré paisiblement ou dans un dernier grondement, comme un vieux sage qui rend l’âme. Ce n’était pas un arbre. C’était un pilier de mémoire, un témoin du temps, un sanctuaire vivant enraciné dans le sol sacré de Fatala, Boffa, le Rio Pongo.

Cet arbre n’était pas qu’un géant végétal, il était un monument vivant, plus ancien que nos lignées, plus sage que nos plus vieux griots. Il a vu passer les siècles, portant les prières, les pleurs et les espoirs de nos ancêtres. Sous ses branches, les captifs priaient en silence avant d’être embarqués sur les bateaux négriers. Les anciens y versaient de colas et de l’eau pour invoquer les esprits, demandant protection, ou guérison, ou réponses à leurs préoccupations.

Les femmes stériles venaient y prier, les chasseurs y juraient fidélité à leurs totems, les sages s’y retrouvaient pour délibérer. S’il pouvait parler, ce fromager raconterait… … les chants en langue soussou, Nalou ou Baga, résonnant sous ses racines. … les tambours de la résistance, les messes secrètes de la mission catholique de Boffa, les veillées à la lueur des calebasses. … les pactes d’honneur entre clans, les adieux silencieux des jeunes en partance, les retrouvailles de guerre ou de paix. Il aurait pu nous livrer les vérités que l’Histoire officielle a oubliées. Il aurait pu témoigner des liens qui unissaient les peuples du Rio Pongo avant que les frontières ne les dispersent. Aujourd’hui, il est tombé. Et tandis qu’un certain nombre de personnes se mettent à rire, sans doute sans malice, peut-être par ignorance… Nous, fils et filles de Fatala, savons que ce n’est pas un simple tronc qui s’est abattu. C’est un fragment d’âme collective, un gardien de la mémoire, un symbole de résistance, de transmission et de spiritualité qui s’est couché. Alors, à toi, ami qui t’en réjouit, souviens-toi : Ce n’est pas qu’un arbre. C’est le dernier sage d’une époque que tu n’as pas connue, mais dont tu portes le sang. Et ce sang se souviendra. Toujours. Au revoir au dernier ancêtre du rio pongo.

BOS SYLLA

Espace publicitaire 468×60