L’euro continue son déclin face au dollar US, et entraîne dans sa chute le franc CFA qui lui est rattaché par un accord de parité fixe. Cette situation entraîne des conséquences positives et négatives sur les pays africains concernés.
Le franc CFA, la monnaie de 14 pays d’Afrique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC), s’est fortement déprécié face au dollar depuis le début de l’année 2022. Une situation qui a aujourd’hui des répercussions divergentes sur les pays de la région.
Pendant que l’économie américaine se porte pour le mieux malgré le conflit Ukraine-Russie, l’économie européenne, quant à elle, est de plus en plus fragilisée à cause de la dépendance des importations de gaz et de pétrole russes. Etant donné que l’euro perd sa valeur vis-à-vis du dollar américain et qu’il existe une parité fixe entre l’euro et le franc CFA (1 euro pour 655,957 francs CFA), voici la conséquence:
Le franc CFA ne cesse également de se déprécier vis-à-vis du dollar depuis le début de l’année et plus particulièrement depuis le déclenchement de la crise Russie-Ukraine. Entre le 31 décembre 2021 et le 11 juillet 2022, le taux de change du franc CFA vis-à-vis du dollar est passé de 579,50 FCFA pour 1 dollar à 645,95 FCFA pour le même dollar, soit une dépréciation de 11,46%.
Il s’agit du niveau le plus bas de la monnaie ouest-africaine vis-à-vis du dollar depuis plus de 20 ans. Les 14 pays des régions, utilisateurs du CFA subissent, de ce fait, des conséquences soit positives ou négatives.
Le côté positif de la hausse du dollar face au franc CFA permet aux pays exportateurs de pétrole et de gaz (Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, Niger, Cameroun et Congo) de faire profit. cette hausse du billet vert intervient dans un contexte de flambée des cours du baril de pétrole. A 104 dollars le baril de Brent de la mer du Nord, un dollar vigoureux constitue une véritable aubaine pour des économies dépendantes des hydrocarbures pour leurs recettes d’exportation et ressources budgétaires.
De même, les pays exportateurs de minerais (l’or notamment) et de produits agricoles (cacao, noix de cajou, coton, banane, arachides…) facturés en dollars tireront également profit de cette appréciation du dollar qui va rendre leurs produits plus compétitifs sur le marché international. La côte d’Ivoire devrait en bénéficier, vu qu’elle est grand exportateur de produits agricoles (cacao, café, noix de cajou, banane…), également au Mali, au Burkina Faso et au Bénin, qui sont grands producteurs de coton.
La dépréciation du franc CFA va également rendre la région plus attractive pour les investisseurs et les touristes américains qui bénéficient d’un dollar beaucoup plus fort.
Mais l’appréciation du billet vert par rapport au franc CFA n’a pas que des impacts positifs mais aussi négatifs. D’abord, les pays de cette région connus comme de grands importateurs de produits alimentaires, vont assister à une flambée des cours des produits agricoles ( le blé, le maïs, les oléagineux et les produits laitiers). Ce qui se traduira inévitablement par une augmentation significative des factures d’importation sous l’effet combiné de la hausse des cours sur le marché mondial, de l’augmentation des coûts du fret mondial et de l’appréciation du dollar vis-à-vis du franc CFA.
Ces hausses vont également impacter les coûts de production des entreprises africaines. La dépréciation du franc CFA va rendre donc la facture des importations facturées en dollars beaucoup plus élevée. Ce qui va accentuer l’inflation au niveau des deux zones de l’Afrique, tout en creusant davantage les déficits commerciaux. Et ce sont les pays qui n’ont pas d’hydrocarbures et des produits agricoles à exporter qui seront les plus affectés par cette situation.
En outre, cette dépréciation significative du franc CFA par rapport au dollar se traduira par un renchérissement du coût du service de la dette libellées en dollar pour les pays de la région. Il faudra mobiliser plus de francs CFA pour rembourser la dette. Bref, Les balances des opérations courantes des pays de la région seront négativement impactés, exceptés celles des pays exportateurs de pétrole (Congo, Gabon, Guinée équatoriale,…) et/ou de produits agricoles (Côte d’Ivoire).
Rappelons que, l’euro se rapproche pour la première fois depuis 2002 de la parité avec le dollar américain, 1 euro s’échangeant contre moins de 1,01 dollar le matin d’hier lundi 11 juillet.
Cependant l’espoir d’un ralentissement de la dépréciation du franc CFA vis-à-vis du dollar repose sur la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de relever ou non son taux directeur pour faire face à l’inflation sans pour autant affecter la croissance des pays africains de la zone CFA.
Source : le360.ma