Les représentants des 12 unions sous-préfectorales des producteurs de noix d’anacarde dans la préfecture de Kankan ont ténue une importante réunion extraordinaire ce 29 août 2020, au quartier Farako1, dans la commune urbaine. Il était question, de faire des éclaircissement sur les opérations de commercialisation de leurs produits dont le lancement officiel a été effectué ce dimanche dernier.
Dans leurs interventions, en marge de ce lancement, les responsables de la fédération des producteurs de la région, avaient déclaré que 15 milliards de francs guinéens ont été débloqués par le gouvernement pour l’achat de leurs stocks de production en raison de 5000GNF le Kg, (si le produit se trouve au bord des champs) ou 6000 Fg (si le produit est en ville).
Cependant, le vice-président Ibrahima Kaba en présence des autres membres de la structure, est revenu en large sur cette affaire en accusant certains exportateurs de magouille à travers leurs acheteurs.
« Compte tenu de la pandémie de la COVID19, le président de la République a décidé d’injecter 15 milliards dans l’achat de nos produits afin qu’on puisse entretenir nos plantations. Mais très malheureusement, ces 15 milliards ont été destinés à des personnes qui ne veulent pas venir payer nos produits.
Les exportateurs Mamadi Diaouné et Mandjou Barry, sont les deux personnes qui ont été chargés de payer nos produits ici. Mais D’abord dans un premier temps, ils ont voulu qu’on leur vende nos produits où qu’ils soient, en raison de 5000 le Kg, en violation des prix établis par l’Etat. Nous n’avons pas du tout accepté. A cause de cela, le premier lancement a dû être reporté. On a proféré nos menaces, et ils ont finalement accordé les prix officiels. Ensuite un représentant est venu du nom de Fodé Kaba Diakité. On lui a demandé, est-ce-que l’argent est disponible? il a répondu oui. Qu’il dispose d’un fond de 300.millions, rien que pour le lancement et qu’au fur et à mesure, les fonds viendront. Mais à notre fort étonnement, après le lancement à Batè Nafadji, ce dernier s’est permis de nous dire qu’il n’a pas les fonds du gouvernement, mais plutôt des acheteurs privés et qu’il est limité dans ces achats. On lui a dit d’acheter pour toute la Haute-Guinée 80 tonnes, dont 30 à Kankan, 30 à Mandiana, 10 à Kouroussa et 10 à Siguiri, Kérouané n’a même pas été cité.. C’est maintenant qu’ils nous disent que les fonds sont privés, alors que nous nous sommes déplacés avec eux à Batè Nafadji pour le lancement officiel, en compagnie du directeur préfectoral de l’agriculture sous recommandation de la direction nationale de l’agriculture. C’est comme ça que nous avons été trompés par eux », a-t-il déploré.
Poursuivant, le vice président de la faitière des planteurs d’anacarde dans la zone de Kankan, sollicite à présent au nom de ses pairs, l’implication du chef de l’Etat pour élucider cette affaire.
« Nous voyons des remorques qui sont chargées d’anacarde en train de partir chaque jour à Conakry, qui ne sont pas les produits des planteurs, mais plutôt des commerçants de la noix de cajou. C’est pourquoi nous nous sommes réunis pour faire savoir au président et à l’opinion nationale, ce qui est en train de se tramer ici. Ce sont les fils d’ici qui sont censés nous aider qui sont entrain de nous détruire. Nous demandons au président de nous aider à acheter nos stocks qui sont là. Que les 15 milliards qui ont été déclarés par le gouvernement arrivent pour l’achat de nos produits. Sans quoi nous sommes à bout de souffle. On est fatigués, bientôt ce sera la saison sèche alors si on reste dans cette situation, le feu ravagera tous nos produits. Et l’année à venir, il risque de ne pas y avoir de récolte », a –t-il prévenu.
Rencontré dans le bureau du Directeur Préfectoral de l’Agriculture, l’acheteur El hadj Fodé Kaba Diakité, membre du bureau exécutif des exportateurs, chargé de la communication a donné sa version des faits.
« Ce sont les producteurs, les commerçants et les exportateur qui ont l’habitude de marchander pour l’achat des noix de Cajou. Mais exceptionnellement, à cause des effets de la COVID-19, cette année, l’Etat a décidé de leur venir en aide en passant toujours par les exportateurs, qui relèvent du secteur privé. Donc comme ils ont confiance aux autorités étatiques, nous travaillons en commun accord avec les directions préfectorales de l’agriculture, pour procéder aux achats. C’est ainsi que nos patrons(les exportateurs), se sont mis au devant au nom de l’Etat, pour amorcer le processus avec une somme de 300. Millions FG. Moi aussi j’ai entendu parler de 15 milliards, mais je ne peux me prononcer que sur les données que détiens. Donc si c’est réel, mes patrons ne m’en ont jamais parlé. Le Directeur préfectoral de l’agriculture a appelé les producteurs pour leur expliquer la situation. Toutes les répartitions par tonnage et par localité, ont été prédéfinies avant qu’on ne procède au lancement officiel de la campagne à Batè Nafadji le dimanche dernier. En ce moment où je vous parle, nous avons fini d’acheter à Kankan 32 tonnes. Je suis même là en ce moment pour le payement au représentant des paysans en présence du directeur préfectoral de l’agriculture », a-t-il confié
D’après les chiffres donnés par la fédération des producteurs, il y a 5 719 tonnes de noix de cajou en Haute-Guinée cette année, dont 2 429 à Kankan, 500 à Siguiri, 450 à Kouroussa 2.300 à Mandiana, et 40 à Kerouané. Ceci dit, à en croire l’acheteur, seulement l’achat de 80 tonnes est prévu par la transaction actuelle. Alors à la question de savoir quelle sera le sort des 5.639 tonnes qui resteront, il répond « Les opérations d’achats doivent continuer. Mes patrons m’ont rassuré que d’ici la fin de la semaine une autre somme devrait être débloquée pour cela. Mais cette quantité de noix (5.639 tonnes) qu’ils disent détenir, moi je ne peux pas garantir que tout cela sera écoulé », a-t-il ajouté.
Pour sa part le Directeur préfectoral de l’agriculture, Mohamed Keita invite dans cette affaire, les paysans à faire confiance au gouvernement.
« Si les producteurs n’ont pas confiance au gouvernement, ils peuvent s’adonner à des spéculations. Mais ce que moi je sais c’est qu’il faut tout simplement avoir confiance à l’Etat. C’est l’Etat qui a choisi ses exportateurs pour venir en aide aux paysans d’anacarde en cette période pandémique. Parce que l’Etat ne fait pas de commerce. Donc l’Etat a fait confiance en ces gens », a-t-il insisté avant de terminer en nous disant qu’il est « désolé de ne pas pouvoir être à mesure de donner de date précise, quant à la suite des premières transactions qui sont en cours dans la région sous son autorité ».