Ghana : Un centre pour le traitement de la fistule obstétricale
Le Ghana a lancé, à Yendi dans la région du Nord, les travaux de construction d’un centre spécialisé pour la prise en charge et le traitement de la fistule obstétricale, une pathologie majeure en matière de santé maternelle qui touche de nombreuses femmes dans cette région. Projet porté par le Service de santé du Ghana (GHS), un organisme public relevant du ministère ghanéen de la Santé, le centre sera érigé dans l’enceinte de l’hôpital municipal de Yendi.
L’absence d’un tel établissement dans la région compliquait le traitement de la fistule, portant atteinte à la dignité et au bien-être des femmes concernées, a indiqué l’administration de cet hôpital, insistant sur la nécessité de disposer d’un espace sécurisé où ces femmes puissent recevoir des soins médicaux et un soutien psychosocial en vue de leur rétablissement et de leur réintégration dans la société.
Le centre spécialisé est mis en œuvre dans le cadre d’une collaboration avec Qatar Charity et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Une fois sa construction achevée, il sera baptisé « Centre de la dignité », a indiqué l’UNFPA, une agence onusienne spécialisée en charge des questions de santé sexuelle et reproductive.
Le Ghana enregistre chaque année environ 1 300 cas de fistule obstétricale, selon l’UNFPA. Alors que cette pathologie grave a quasiment disparu des pays développés, l’Afrique de l’Ouest et du Centre enregistre 30 000 nouveaux cas de fistule par an sur 50 000 nouveaux cas dans le monde, a-t-on ajouté.
La fistule obstétricale est une perforation qui se forme entre le vagin et la vessie ou entre le vagin et le rectum, ou entre les deux, en raison d’un accouchement prolongé, notamment en l’absence de soins obstétriques appropriés. Elle se traduit par une perte incontrôlée des urines et/ou des selles auxquelles peuvent s’ajouter d’autres complications, telles qu’une dermatite au niveau de la vulve et des cuisses, des infections des voies urinaires, des dysfonctionnements sexuels ou encore une infertilité.
Source permanente d’inconfort et de mauvaises odeurs, la fistule obstétricale a des conséquences morales et affectives profondes qui peuvent être aggravées par la stigmatisation, l’abandon de la femme par son mari, voire son rejet par l’ensemble de la communauté, dans un contexte marqué par la pauvreté et le désespoir. En effet, les femmes qui en sont victimes se voient rejetées par leur famille et par la communauté, et perdent leur dignité ainsi que leur estime de soi, ce qui les pousse vers la dépression et, parfois, le suicide, d’après l’UNFPA.
La fistule peut généralement être soignée grâce à une opération chirurgicale. Malheureusement, de nombreuses femmes souffrant de cette lésion ne savent pas qu’il existe un traitement, n’ont pas les moyens de se faire soigner ou n’ont pas accès aux établissements où sont pratiquées ces interventions, a-t-on déploré.
